ALPE74140

ALPE74140

Article dans Le Point du 29/09/2010 : À l'Éducation nationale, la rigueur ne fait pas peur

L'Éducation nationale reste le ministère le mieux doté, avec 60,505 milliards d'euros pour 2011, soit + 1,6 % de plus qu'en 2010. Grosso modo, il représente toujours un quart du budget de l'État, hors charge de la dette. Par les temps qui courent, Luc Chatel s'estime donc heureux... D'ailleurs, l'entourage du ministre affirme que les négociations budgétaires entre la rue de Grenelle et Bercy n'ont pas duré plus de dix minutes.

Pourtant, à y regarder de plus près, l'augmentation de l'enveloppe rapportée au niveau de l'inflation anticipée par Bercy, + 1,5 % pour 2011, s'annonce minimaliste : + 0,1 point. L'objectif demeure donc de serrer la vis notamment via les 16.000 suppressions de postes annoncées pour la rentrée prochaine, en vertu du principe de non-remplacement d'un fonctionnaire partant en retraite sur deux. Une économie de personnel que la rue de Grenelle assure pouvoir faire facilement. "Il y a de la marge nom de dieu !", laisse-t-on échapper.

 

Les académies prennent la main

Le mammouth serait-il encore si gras ? Les chiffres du ministère le laissent penser. Entre 1990 et 2003, le nombre d'enseignants n'a cessé d'augmenter alors que, dans le même temps, les bataillons d'élèves décroissaient régulièrement. Depuis, selon le ministère, les 16.000 suppressions de postes opérées chaque année depuis 2007 n'ont fait que ralentir l'augmentation du nombre d'enseignants. L'entourage du ministre précise que 5.600 enseignants du primaire sont toujours en surnombre et n'ont pas la responsabilité d'une classe. Un diagnostic réfuté par le snuipp, syndicat majoritaire du 1er degré, qui estime que ce projet de loi de finances "va aboutir à une véritable asphyxie de l'école".

Selon le ministère, la vraie nouveauté réside surtout dans la méthode. Au lieu de décréter d'en haut la disparition massive de tel ou tel dispositif (une pierre dans le jardin de son prédécesseur Xavier Darcos), Luc Chatel a préféré bousculer la technostructure. Il laisse aux académies la responsabilité de faire, chez elles, des économies "sans dégrader les choses". Parmi les pistes envisagées figurent notamment le regroupement d'établissements ou de classes puisque, actuellement, 2.100 classes de collège comptent moins de 15 élèves et plus de 10.000 moins de 19, essentiellement dans les territoires ruraux. Si rue de Grenelle on affiche une certaine décontraction, chacun sait bien aussi que les choix seront douloureux.

 

Par Chloé Durand-Parenti et Marie-Sandrine Sgherri



30/09/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 103 autres membres