Revue de presse : Article dans Le Messager du 17/11/2011 : Chablais - Les cinémas en station menacés de fermeture
Les petites salles de cinéma doivent s'équiper en numérique sous peine de disparaître dans moins d'un an. Problème : l'équipement coûte très cher.
La révolution numérique est aussi en marche dans les cinémas. Et elle pourrait bien faire quelques victimes sur son passage.
En effet, l'équipement numérique des salles obscures a aujourd'hui dépassé le stade du simple argument marketing. "Certaines maisons de production ne produisent plus que des films en version numérique, assure Philippe Piccot, exploitant de la salle unique de cinéma à Douvaine, L'Espace. Et dans un an tout sera en numérique ; fin 2012, il n'y aura plus de bobine argentique !"
M. Piccot, qui vient d'équiper la salle douvainoise, a dû débourser 80 000 euros. "C'est le coût moyen d'équipement d'une salle", lâche Adrien Baud, qui gère, entre autres, avec son père, les salles de Thonon-les-Bains, de Morzine et des Gets.
En plus de L'Espace, à Douvaine, Philippe Piccot exploite quatre autres salles dans le Chablais, à Evian, Châtel, La Chapelle-d'Abondance et Thollon-les-Mémises. Les trois dernières sont "des salles saisonnières", explique-t-il, avant d'ajouter : "Mais les charges sont annuelles !"
Ce type de cinémas, pour Philippe Piccot, ne pourra pas survivre sans subventions : "Les petits cinémas, ça va être soit aidé par les municipalités, car cela joue un rôle social, soit... ça ferme. Pour un privé, c'est catastrophique".
"Sans aide, on ne pourra plus travailler"
Le cinéma de Douvaine, lui, a bien été aidé par la mirie pour sa récente rénovation : "Ils ont payé toute la nouvelle décoration", souligne l'exploitant, qui, de son côté, a équipé la salle pour la diffusion numérique.
Pour pouvoir continuer à vivre, les salles obscures de stations doivent s'équiper rapidement en numérique : "Sinon, elles vont devoir fermer rapidement, ce sera la dernière année de fonctionnement pour elles, prévient M. Piccot. Sans aide, on ne pourra plus continuer à travailler."
Le constat est le même pour M. Baud : "Il faut savoir si les communes et le public sont derrière nous pour continuer. Si on est tout seul, ça fermera ; il ne faut pas avoir peur de le dire."
D'après M. Piccot, conserver ces salles serait pourtant un atout pour les stations : "Elles peuvent en avoir besoin pour prétendre au label "famille"."
Du côté des maires, les choix restent encore à faire. A Châtel, Nicolas Rubin, affirme qu'une station "ne peut se passer" d'un cinéma. Le conseil municipa châtelan se prononcera prochainement sur la demande d'aide de l'exploitant, Philippe Piccot : "Nous avons actuellement deux salles, équiper les deux sera difficile, la solution la plus adaptée serait de soutenir l'exploitant confronté à une nécessité d'investissement majeur, quand, en même temps, la fréquentation baisse."
A Thollon-les-Mémises, le premier magistrat assure que le conseil municipal ne s'est pas encore penché sur le sujet : "Déjà l'exploitant nous fournit simplement les films lorsque le cinéma est ouvert en saison ; nous fournissons le personnel grâce à l'office de tourisme et à deux élus bénévoles", note Régis Bened qui concède ne pas trop "savoir quoi faire" du cinéma communal.
A cela s'ajoute une autre problématique, qu'Adrien Baud ne manque pas de lier : "Le passage au numérique sans les stations ne résout pas la problématique de l'accès pour les personnes handicapées, obligatoire avant 2015. On ne va pas investir 80 000 euros dans une salle si c'est pour qu'elle ferme dans trois ans si la loi n'est pas assouplie !".
Emmanuel Rouxel
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