Revue de presse : Article dans Le Point du 01/08/2012 : Colonies de vacances : les enfants sont-ils bien encadrés ?
Les animateurs travaillent avec un statut qui ne leur est pas favorable, mais s'efforcent de veiller au bien-être des jeunes.
Dimanche, un jeune de 17 ans est mort noyé dans un lac de l'Aude. Doit-on voir dans ce drame le résultat d'une surveillance en dilettante des animateurs de colonies ? Certainement pas. Mais cette noyade appuie là où ça fait mal : les centres de loisirs, dont la fréquentation baisse chaque année au profit des voyages en famille, n'ont pas les moyens de renforcer leurs effectifs. Marion Mazière, responsable du service juridique pour l'association Jeunesse en plein air", tempère : "Les animateurs et les directeurs font tout pour que la sécurité physique et morale des enfants soit assurée."
Cependant, certaines règles ne sont pas toujours applicables. En séjour itinérant, difficile de respecter à la lettre toutes les injonctions de la Jeunesse et des Sports. En camping, les règles sanitaires imposent, par exemple, de noter à une heure précise le moindre coup de lavette sur les plaques électriques, et peuvent être très strictes sur l'entretien des tentes. "Dans une colo, il faut d'abord penser au confort et au bien-être de l'enfant. Il m'arrive de repousser à plus tard la paperasse administrative", confirme un directeur de Familles rurales, qui a dirigé à plusieurs reprises des camps à la montagne et en bord de mer. "Les journées sont longues et harassantes. Les événements nous incitent parfois à faire l'impasse sur certaines choses, c'est de la responsabilité de toute l'équipe pédagogique", ajoute-t-il.
Un statut d'animateur précaire
Le directeur d'une colonie de vacances doit veiller à ce que ses animateurs bénéficient d'une période de récupération suffisante pour qu'ils puissent s'occuper des enfants de la meilleure des façons. En avril 2012, un nouveau décret réforme le contrat d'engagement éducatif (CEE) de l'animateur pour le rendre conforme à la législation européenne. Objectif : augmenter le temps de repos. Un congé par semaine et 66 heures de repos hebdomadaire (durée de sommeil comprise), c'est alléchant... mais impossible à mettre en oeuvre. "Cela reviendrait à augmenter les effectifs, ce qui n'est évidemment pas à la portée de toutes les structures associatives", explique Marion Mazière.
Pour des raisons de "continuité éducative" et de "sécurité morale", il est également difficile d'envisager des "veilleurs de nuit", ou le turnover des effectifs. "Pour que les plus jeunes se sentent bien, ils doivent pouvoir se réveiller et se coucher avec le même animateur référent", confie Marion Mazière. Un constat également valable pour les ados qui, lorsqu'ils sont dans une relation de confiance avec un moniteur, seront moins tentés de lui désobéir.
Le texte a donc été totalement vidé de sa substance. Sur les 66 heures de repos dues pour une semaine de colo, seules 16 d'entre elles (hors sommeil) seront obligatoirement accordées aux animateurs. Elles pourront être divisées en quatre périodes de quatre heures, ou encore en deux périodes de huit heures. Le reste, ils le prendront sous la forme de "repos compensatoire" après la fin de la colonie. Les animateurs ne peuvent donc pas davantage veiller sur les jeunes.
Le ramadan, facteur d'insécurité ?
Pour surveiller correctement un jeune, il faut un moniteur en forme. Avant de se rétracter, la mairie de Gennevilliers avait suspendu quatre animateurs qui suivaient le jeûne du ramadan. Elle avait prétexté que ne pas se restaurer ni s'hydrater en journée pouvait être dangereux pour la sécurité des enfants. La juriste de l'association Jeunesse en plein air estime qu'il s'agit là d'une "question délicate", mais qui reste, selon elle, du "ressort de la vie privée".
Pour un des directeurs de colonies de l'association Familles rurales, "la question mérite d'être posée". "Même si ça peut paraître discriminatoire, il faut tout de même en discuter avec eux. Un coup de Calgon, ça peut arriver à tout le monde. D'autant plus lorsqu'on est accompagné de 30 enfants, en montagne, exposé au soleil."
Par Marc Leplongeon
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