Revue de presse : Article dans Le Point du 13/12/2010 : Les risques psychologiques pour les jeunes victimes d'une prise d'otages
Vingt écoliers ont été retenus dans une classe de maternelle, lundi matin, à Besançon. Deux pédopsychiatres décryptent l'impact que l'événement a pu avoir sur eux.
Ainsi, le sang-froid de l'enseignante et de l'atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) qui encadraient les enfants, lundi matin, aura permis d'atténuer leur traumatisme. "Elles ont tenté de leur présenter les choses comme un jeu, tout en maintenant le rythme habituel de la journée. Aussi, même si ces enfants ont perçu quelque chose d'inhabituel, s'ils ont bien vu un personnage étrange avec des armes à la main, la plupart n'ont pas véritablement compris ce qui les menaçait", explique, de son côté, le pédopsychiatre Stéphane Clerget. "Pour certains enfants, il est d'ailleurs tout à fait possible que cela n'ait pas eu un caractère particulièrement traumatisant. En revanche, leur sortie avec l'attroupement de policiers, de journalistes et la réaction de leurs parents très choqués a pu être très angoissante", souligne-t-il.
Plus dur pour les adultes
Sur l'attitude à adopter vis-à-vis des petites victimes, les deux professionnels s'accordent : il faut éviter de dramatiser la situation, ne pas les harceler de questions, mais les laisser s'exprimer spontanément par la parole, le dessin ou le jeu. "Ils vont rejouer la scène, il faut les laisser faire, car, plus ils le feront, plus celle-ci va s'éloigner d'eux", explique le professeur Pierre Delion. Un autre conseil à donner aux parents est, selon le pédopsychiatre, de "continuer à faire confiance à leur enfant comme avant le traumatisme, car, dans le cas contraire, celui-ci pourrait finir par avoir le sentiment que c'est lui qui est générateur d'angoisse". "Il convient aussi de les tenir éloignés des reportages consacrés à l'événement à la radio ou à la télévision", note, par ailleurs, Stéphane Clerget.
Compte tenu des circonstances, les choses devraient donc rentrer dans l'ordre en quelques semaines pour ces enfants otages de Besançon. Pour autant, les troubles du sommeil, les maux de ventre et les phénomènes de régression s'ils persistent doivent éveiller la vigilance. "Mais, avertit Stéphane Clerget, les parents doivent également faire très attention à leur propre traumatisme, car ce sera sans doute finalement beaucoup plus difficile à surmonter pour eux que pour leurs petits."
Par Chloé Durand-Parenti
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