Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 13/10/2011 : Le Snuipp lance une campagne pour l'égalité des écoles
C'est une configuration nouvelle que le Snuipp a présenté le 12 octobre. Un syndicat, le Snuipp, et des représentants des communes, l'Association des maires ruraux de France et l'Association des directeurs de l'éducation des villes, en clair les petites communes et les grandes, ont travaillé ensemble sur "l'agent de l'école" et ses inégalités. Ils montrent de fortes disparités et plaident pour un nouveau partage des rôles entre Etat et communes et pour la définition d'un "kit de base" qui servirait de référence minimum pour l'équipement, au sens large, des écoles.
"Les disparités deviennent un facteur d'inégalité. Les principes d'égalité et de gratuité de l'école sont atteints". Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, présentait le 12 octobre une enquête menée avec l'Andev (les grands communes) et l'AMRF (les petites) sur le budget dont disposent les écoles.
De fortes inégalités
L'enquête montre que les crédits de fonctionnement des écoles varient de 1 à 10. Cela concerne les crédits par élève pour la matériel scolaire, les fournitures ou encore le financement des sorties et des activités pédagogiques.
Quelques exemples. En moyenne les crédits par élève se montent à 47€ mais en fait 67% des écoles ont moins de 45€. Ce sont les maternelles les mieux loties (64€). Les écoles en RAR bénéficient en moyenne de 44€. Moins de la moitié des écoles bénéficient de service de bus gratuit pour les sorties ou d'intervenants. Les crédits pour les spectacles varient de 0 (pour 42% des communes) à plus de 20€ par élève pour 8% des écoles. L'inégalité est flagrante aussi pour les classes transplantées (0 pour une école sur 3, plus de 100€ par élève pour 11% des écoles). Si en moyenne il y a 8 ordinateurs pour 100 élèves, la moitié des écoles comptent plus de 10 ordinateurs, un cinquième moins de 5.
S. Sihr a souligné l'écart entre les exigences des programmes et les réalités du terrain. Ainsi les écoliers de CM1 sont invités à lire 2 livres par an, 5 en CM2, mais toutes les communes n'ont pas de budget pour acheter les livres. L'enseignement d'histoire des arts implique que les élèves soient mis en contact direct avec des oeuvres. Mais toutes les communes ne peuvent pas ou ne veulent pas payer les frais de bus et d'entrée dans les musées. Le B2i est obligatoire mais l'Etat ne paye pas les ordinateurs...
Un kit de base pour l'Ecole
96% des répondants demandent aussi qu'un cadre recensant l'intégralité des moyens nécessaires au bon fonctionnement des écoles soit défini, un "kit de base". Pour Vanik Berberian, président de l'Amrf et maire d'un petit village de l'Indre (Gargilesse), ce kit serait très utile pour que les maires sachent quoi faire et que les enfants soient traités avec égalité. Pour les communes rurales l'enjeu est de taille. Elles sont redevenues attractives et voient arriver de nouvelles familles. Il faut que les écoles s'adaptent à leurs demandes. Pour Philippe Seferinian, vice président de l'Andev, les textes qui organisent les rôles de l'Etat et des communes datent du XIXème siècle. Ils sont inadaptés. Le kit aiderait les communes à sortir du brouillard.
La nécessaire révision des rôles entre Etat et commune
D'où l'idée qu'il faut revoir la répartition des rôles entre Etat et commune. 96% des enseignants et maires interrogés estiment que les commune se retrouvent trop souvent en charge d'assumer le coût financier et humain de mesures décidées par le seul Etat. 97% appellent à une remise à plat des responsabilités de l'Etat et des communes. Le Snuipp, l'Andev et l'Amrf demandent également la mise en place d'un fonds de péréquation abondé par l'Etat capable d'aider les communes déshéritées à assurer à tous les élèves un minimum d'équipement.
Quelle portée pour cette démarche ?
L'AMRF semble décidée à faire avancer ces idées devant le nouveau gouvernement issu de l'élection présidentielle. Pour le moment l'AMRF a décidé de ne plus assister aux CDEN, ces réunions départementales sur l'école, estimant qu'elles sont "inutiles" puisque l'administration ne tient aucun compte des avis des communes. Après les syndicats, qui boycottent souvent ces réunions, l'absence des communes va priver les CDEN de toute légitimité. Pour tous les acteurs de l'Ecole, il est clair que la campagne des présidentielles est le bon moment pour entamer un débat sur les moyens de l'école du XXIème siècle. Il est ouvert.
François Jarraud
Lien :
Le dossier de presse
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